Cheveux noirs afros naturels
03:21"Quand tu portes tes cheveux au naturel, c'est aussi un moment où tu t'intéresses à tes racines, à ta culture"
Qita, coiffeuse, prépare l'ouverture d'un salon de beauté à Paris 100% naturel.
Quand j'étais petite
"J'ai grandi au Cameroun et je me souviens de journées entières où l'on se tressait entre copines dans la cour de la maison. Puis, à 14 ans, j'ai décidé que je voulais faire comme toutes les filles : me défriser les cheveux pour ne plus souffrir pendant des heures à me faire coiffer. Le hic, c'est quand je suis arrivée en France : les cheveux défrisés, ça s'entretient toutes les semaines et je n'avais plus les moyens de me payer le coiffeur. Alors j'ai rasé mes cheveux. J'ai essayé de les laisser pousser sans les raser ni les défriser. J'ai même tenu le coup pendant un an mais je ne supportais pas de me voir avec les cheveux crépus."
Le jour où j'ai tout arrêté
"Un jour où je n'avais ni rasé, ni défrisé mes cheveux depuis longtemps, je suis allée voir mon père. Je me souviens que j'avais une coupe afro avec un foulard blanc dans les cheveux. Quand mon père m'a vue, il m'a dit que j'étais très belle. Ça a été un déclic. J'ai senti qu'il était fier. C'était le seul. Mes amis me disaient que je n'étais pas sortable. Sous la pression, j'ai de nouveau craqué et défrisé mes cheveux en 2007. Tout a changé quand je suis allée à New York, rejoindre une amie, deux ans plus tard. J'ai découvert qu'aux USA, il y avait un vrai mouvement vers le retour au naturel. Là-bas, on pensait qu'il était possible de sublimer ce cheveu crépu tellement décrié. Je suis rentrée en France avec l'idée de créer un salon de coiffure 100% naturel."
Ce qui a changé chez moi...
"En attendant l'ouverture de mon salon, je coiffe à domicile, et de plus en plus sur cheveux naturels. Beaucoup de mes clientes avouent qu'elles ont défrisé leurs cheveux parce que leur idéal de beauté, c'était les blondes aux cheveux lisses des magazines. La mode, les médias sont responsables de cette image : la fille belle du clip, c'est la métisse aux boucles claires. Les hommes sont coupables aussi : c'est pour leur plaire que les femmes se blanchissent la peau avec des produits chimiques. Quand je réussis à convaincre une cliente de cesser de se défriser les cheveux, qu'elle peut s'accepter, c'est une victoire pour moi, j'ai le sentiment d'avoir accompli une mission. Quand tu retournes au naturel, tu fais plus attention à toi, à ton corps. C'est aussi un moment où tu t'intéresses à ta culture. Comment on faisait avant, sans défrisage ? Il existe en réalité toute une tradition ancestrale à exploiter. Mais je ne suis pas une de ces extrémistes qui disent que quand tu portes un tissage, c'est que tu es une fausse noire. Ce ne sont que des cheveux, quand même !"
…et chez les autres
"Une étude a montré qu'une femme noire dépensait 3 à 4 fois plus qu'une femme blanche en cosmétiques : c'est un marché énorme et toutes les grandes marques ont sauté sur l'occasion. Même si c'est un signe de démocratisation, ces produits de grandes marques ne sont pas forcément adaptés au cheveu crépu. Aux États-Unis, il est très facile de trouver des produits naturels adaptés aux peaux et cheveux noirs. Il y a encore du progrès à faire chez nous."
Pour en savoir plus sur son projet de salon, c'est ici.
David Tergémina
Source: http://www.glamourparis.com/vie-perso/generation-glamour/diaporama/cheveux-afros-le-retour-du-naturel/6291/image/444895#!quot-quand-tu-portes-tes-cheveux-au-naturel-c-039-est-aussi-un-moment-ou-tu-t-039-interesses-a-tes-racines-a-ta-culture-quot
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